Du déni total à l’acceptation du traitement : le parcours inspirant de Marie Tania Petit-Frère, une femme vivant avec le VIH

 C’est en plein milieu de l’année scolaire que Marie Tania Petit-Frère, 39 ans, a appris qu’elle était séropositive. Une découverte qui a marqué sa vie à jamais. Après plusieurs années d’errance et de déni, elle a finalement accepté de suivre le traitement antirétroviral (TAR) et mène aujourd’hui une vie paisible et responsable.

 Adek BERRY, AFP

L’histoire de Marie Tania avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) débute à Port-au-Prince en décembre 1999. Alors qu’elle revenait de l’école avec un groupe d’amies qui se chamaillaient dans les rues du Champ-de-Mars,  elles ont décidé, comme activité du jour, de se faire dépister et  se sont rendues au centre de FOSREF à Lalue. Pour Marie Tania, ce n’était qu’un jeu, sans se soucier des résultats. Pourtant, ce test a révélé sa séropositivité. Prise de panique, elle a pris ses jambes à son cou.  Refusant d’accepter cette réalité, elle a gardé le secret et continué sa vie sans jamais entamer de traitement antirétroviral ni bénéficier d’un suivi médical.

Dix ans plus tard, soit en 2009, la réalité l’a rattrapée. Son corps, épuisé par le virus, ne pouvait plus lutter. Fièvre, grippe et toux l’ont cloué au lit. Contrainte par son état, Marie Tania s’est rendue à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) pour se confier au personnel médical.  L’un des psychologues l’a convaincue de suivre un traitement antirétroviral dans l’immédiat, ce qu’elle accepté sans broncher voyant qu’elle n’avait pas d’autres alternatives pour rester en vie. Malheureusement, après un an de traitement, elle a abandonné, ne voulant plus se soumettre aux exigences médicales.

En 2015, sans surprise, les symptômes ont refait surface. Cette fois, Marie Tania a pris une décision cruciale : retourner à l’HUEH et suivre son traitement avec rigueur pour préserver sa santé.

Grâce à cette discipline, la vie lui a offert une nouvelle opportunité. En mars 2021, elle est tombée enceinte. « Je n’ai jamais négligé mon traitement durant toute ma grossesse, et j’ai accouché le 8 décembre 2021 d’une petite fille en bonne santé, sans aucune trace du virus dans son sang. », affirme-t-elle avec fierté.

De patiente rebelle à prestataire de santé

Marie Tania a toujours eu un comportement exemplaire au sein de l’HUEH. Pendant une période de recrutement, un prestataire de soins lui a conseillé de postuler un emploi d’agente de santé communautaire. « J’ai passé une entrevue et ma candidature a été retenue. Par la suite, j’ai suivi une formation au Laboratoire national sur le contrôle de la charge virale communautaire. En décembre 2023, j’ai intégré l’HUEH comme stagiaire, et maintenant je dispose d’un CDI (Contrat à Durée Indéterminée) . Mon travail consiste essentiellement à livrer des médicaments aux patients à domicile ou dans des points de rencontre », confie-t-elle avec enthousiasme.

Marie Tania ne se limite pas à la distribution des ARV. Dans certaines circonstances, elle agit aussi en tant que psychologue pour sensibiliser les patients sous TAR.  « Certains patients sont réticents à prendre leurs médicaments et affirment parfois qu’ils sont guéris. Dans ces moments, je partage mon histoire avec eux. Je leur révèle mon statut et je leur demande de réfléchir à l’importance de leur vie pour eux-mêmes mais aussi pour leurs proches », explique celle qui a été ambassadrice de l’institut PANOS durant la campagne E= E.  

 


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