L’Institut PANOS sensibilise les jeunes sur l’impact de la violence sexuelle sur la santé
L'Institut PANOS a organisé le vendredi 29 novembre dernier une conférence-débat à l'intention d'un groupe d'élèves du Lycée national de Pétion-Ville sur le thème « Enpak Vyolans seksyèl sou lasante ». Cette activité s'inscrit dans le cadre du projet CHAMPIONS (Chanje Abitid Moun pou Pratik Itil Ogmante nan Sante), financé par l'USAID et est réalisée à l'occasion des 16 jours d'activisme contre la violence basé sur le genre-VBG .
Cette conférence-débat a été animée par les docteures Corina Jean-Baptiste et Merlande Beauzile, respectivement Conseillère en santé materno-infantile, santé sexuelle et reproductive, planification familiale et nutrition ; et Conseillère en VIH à l'Institut PANOS.
D'entrée de jeu, la Dre Jean-Baptiste a souligné que la viol est l'une des formes de VBG les plus courantes en Haïti tout en énumérant les nombreuses conséquences que ce crime peut avoir sur la santé sexuelle et reproductive de la victime. «Le viol peut entraîner des troubles gynécologiques, développer le vaginisme et d'autres catégories de troubles sexuels : la perturbation de la libido, la répulsion pour tout acte sexuel ou le développement d'une hypersexualité. Mais aussi, l'adoption d'un comportement sexuel irresponsable : avoir plusieurs partenaires sexuels, la non-protection durant les rapports sexuels à risque », a-t-elle poursuivi.
Le protocole des 72 heures : une mesure essentielle
Durant les violations, les victimes courent un risque d'attraper une infection sexuellement transmissible-IST, notamment le VIH, à cause des blessures qui peuvent en résulter. Celles-ci sont susceptibles de mettre la victime en contact avec ce virus si l'agresseur est séropositif. D'où l'urgence d'appliquer rapidement le protocole des 72 heures assurant les mesures qui doivent être prises en faveur d'une victime de violation, allant des soins médicaux aux services psychosociaux.
De son côté, la Dre Beauzile a expliqué que « (…) dans les 72 heures (3 jours) suivant une agression sexuelle, la victime doit consulter un médecin afin de minimiser le risque de transmission du VIH/SIDA, ou d'une grossesse. . non désirée. En cas de contamination au VIH, la victime sera mise sous traitement antirétroviral – TAR..
Dans le cas contraire, le médecin lui fournira une prophylaxie post-exposition (PEV). Cependant, pour être admissible à un EPI, la victime doit être séronégative et se rendre dans un centre hospitalier dans un délai ne dépassant pas 72 heures après la violation. Il lui sera délivré un certificat médical pour toute éventuelle procédure judiciaire contre l'agresseur-e.
Après 28 jours sous EPI, la personne doit à nouveau se rendre à l'hôpital pour une prise en charge continue », at-elle ajouté tout en soulignant que la victime sera également prise en charge pour le traitement des autres cas d'infections sexuelles. . transmissibles.
Une victime d'une violation doit également consulter un psychologue pour surmonter cette expérience traumatisante. À ce propos, le Dr Jean-Baptiste a tenu à souligner qu'en aucun cas la victime ne doit se sentir coupable.
Pierre Marie Luckensia, élève de la NS4, juge qu'il est important que la société soit sensibilisée sur l'impact de la violence sexuelle sur les survivants. « Durant cette activité, j'ai appris comment je peux aider une personne victime de violence sexuelle dans ma communauté. Je leur conseillerai de se rendre dans un centre hospitalier et me mettrai à leur disposition au cas où elles auraient envie de parler. Surtout, je ferai en sorte de ne pas les coupables », at-elle dit. « Cette conférence-débat m'a aussi permis de comprendre les modes de transmission du virus du sida, les différents moyens de protection contre ce virus et la notion du consentement. »
Stanley Laguerre a abondé dans le même sens, estimant que l'Institut PANOS devrait étendre cette activité à d'autres écoles pour que les jeunes puissent avoir connaitre davantage leurs droits et devoirs.
Une prise de conscience nécessaire
Bien que la violence sexuelle et ses impacts sur la santé soient des sujets rarement abordés dans les écoles, cette conférence-débat a permis aux jeunes du Lycée national de Pétion-Ville de prendre conscience de la gravité de la situation. L'éducation sur ces problématiques devient cruciale pour briser le silence et offrir aux élèves les outils nécessaires pour prévenir et soutenir les victimes de violence. À travers des initiatives comme celle-ci, l'Institut PANOS espère sensibiliser davantage les jeunes, les incitant à devenir des acteurs du changement au sein de leurs communautés.
A noter qu'au cours de l'année 2024, 5 400 incidents de violence basés sur le genre (VBG) ont été recensés en Haïti, selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). 72 % de ces incidents sont liés à la violence sexuelle et 95 % des survivants sont des femmes et des filles.
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